Sunday, October 5, 2014

Today: «Loulou», de Pabst, avec Louise Brooks, en version ciné-concert à Strasbourg

Today, at the Festival Musica in Strasbourg, France - Pandora's Box (or LouLou) will be screened. Musical accompaniment by Ensemble Kontraste. More information here and here

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En réalisant l’un des derniers grands chefs d’œuvre du cinéma muet, Georg Wilhelm Pabst révéla Louise Brooks autant que l’actrice irradia son film. Musica en donne une version où la musique de Peer Raben, compositeur de la plupart des musiques de film de Rainer Werner Fassbinder, est jouée live par l’ensemble.
Son identification au personnage fut telle qu’elle reste à jamais son incarnation. Louise Brooks, alors âgée de 21 ans, est d’une beauté, d’un naturel, d’une liberté de mouvement, d’un érotisme subversif qui font que sa présence à l’écran sera vécue, à la sortie du film en 1929, comme une provocation. On lui reprocha notamment – c’est un comble ! – de n’être pas actrice, de n’être qu’elle-même, de n’avoir aucune distance avec ce personnage à la fois sulfureux et innocent.
Tiré de deux pièces de Frank Wedekind écrites au tournant du XXe siècle et elles aussi sujettes à scandales, le sujet est dans l’air du temps : Berg débutera l’écriture de son opéra un an avant la sortie du film et s’inspirera des deux mêmes textes : La Boîte de Pandore et L’Esprit de la terre. Si les situations de l’opéra diffèrent un peu de celles du film, la charge tragique et amorale demeure centrale.

Maîtresse fatale des hommes qui l’entourent, voire même des femmes qui l’approchent (la comtesse Geschwitz), Loulou finira son existence à Londres, après plusieurs meurtres et un procès qui l’oblige à fuir, dans les bras de Jack l’Éventreur. Des fastes des salons berlinois aux bas-fonds londoniens, c’est de cette descente aux enfers toujours doublée de fulgurance qu’il s’agit. Pabst, alors totalement obnubilé par son actrice, en donne une vision indépassable.

Le film fut censuré et resta longtemps incomplet, comme l’opéra resta longtemps inachevé ; il aura fallu attendre la toute fin des années soixante-dix pour, dans un cas comme dans l’autre, les apprécier dans leur complétude – 1979 pour l’opéra terminé par Friedrich Cerha, 1980 pour le film, enfin remonté selon les vœux de son réalisateur.

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